Un nouveau rapport d’International Campaign for Tibet révèle comment de nouvelles mesures de surveillance et de contrôle menacent de transformer la communauté monastique bouddhiste tibétaine en un outil du Parti communiste chinois.
« Quand le Parti prime sur le bouddhisme : La surveillance et le contrôle exercés par la Chine sur les monastères et les couvents tibétains » peut être téléchargé dès à présent.
Ce rapport – publié le 10 mars 2021 – examine les changements politiques et institutionnels opérés par le Parti communiste pour forcer les nonnes et les moines à servir ses intérêts.
Le Parti a notamment chargé une de ses agences de surveiller directement les couvents et les monastères, des agents de police et des cadres du Parti ont été stationnés à l’intérieur des institutions religieuses, et des pressions ont été exercées sur les nonnes et les moines pour les forcer à dénoncer le Dalaï-Lama au nom de l’unité nationale de la Chine.
En tant que figures de proue du mouvement de résistance non violente tibétain et points d’ancrage de la culture tibétaine, les nonnes et les moines constituent le groupe le plus ciblé par la répression au Tibet, que la Chine a annexé à son territoire il y a plus de 60 ans.
Le Parti communiste considère le bouddhisme tibétain comme une menace pour son pouvoir. Le rapport « Quand le Parti prime sur le bouddhisme » révèle en quoi les nouvelles mesures prises par la Chine menacent la survie de cette religion pratiquée par une communauté authentique et autodéterminée de croyants.
Exemples frappants
Le rapport cite des exemples marquants du contrôle toujours plus étroit de la Chine sur le bouddhisme tibétain :
- Le budget du Département de Travail du Front uni, l’agence désormais chargée de la supervision directe de toutes les religions, aurait presque triplé dans la région autonome du Tibet (de 23,9 millions de yuans en 2016 à 62 millions l’année dernière). La RAT s’étend sur à peu près la moitié de la superficie du Tibet historique.
- Bien que les dernières données officielles n’aient pas été publiées, en 2015, un média d’État a indiqué que pas moins de 6 575 cadres du Parti et du gouvernement travaillaient dans 1 787 monastères dans la RAT. Chaque monastère se serait donc vu assigner en moyenne entre trois et quatre cadres.
- La Chine organise des programmes de « rééducation » pour les nonnes et les moines, au cours desquels ils sont incités à devenir de fidèles disciples du Parti, même au prix de leurs convictions religieuses. La Chine a également mis en place une politique dite des « quatre normes », dont le but principal est d’obliger les nonnes et les moines à relayer la propagande du gouvernement.
- En plus de forcer les nonnes et les moines à dénoncer le Dalaï-Lama actuel, la Chine soutient que la désignation de sa réincarnation relève de ses prérogatives. La Chine a décrété des réglementations absurdes, en vertu desquelles les Lamas tibétains doivent obtenir l’aval du gouvernement avant leur réincarnation.
- Le rapport explique comment la sinisation du bouddhisme tibétain passe par l’inféodation des institutions, des canons et du clergé bouddhistes tibétains à la direction du Parti communiste et à ses valeurs fondamentales. Cette politique vise à infléchir les conceptions morales du clergé et à forcer ce dernier à se conformer à l’idéologie de l’État.
Une frustration grandissante
Le rapport « Quand le Parti prime sur le bouddhisme » explique comment les nouvelles mesures prises par la Chine entraînent, lentement mais sûrement, le déclin des couvents et des monastères en tant que centres d’apprentissage du bouddhisme tibétain – un rôle qu’ils ont assumé pendant des siècles lorsque la culture tibétaine était florissante.
Ces mesures empêchent les moines en quête d’enseignants et de connaissances de se déplacer librement entre les institutions religieuses.
Les enfants ne peuvent plus être inscrits dans les écoles religieuses, alors que le système d’enseignement monastique traditionnel préconise de commencer leur éducation dès le plus jeune âge. Le transfert de connaissances de génération en génération est dès lors interrompu et le lien entre enseignants et étudiants, rompu.
La surveillance et le contrôle intensifs exercés par la Chine sur la communauté monastique ont conduit à l’expulsion de moines pour non-respect des politiques officielles ainsi qu’à des départs volontaires en raison de l’environnement invivable instauré dans les monastères.
Selon un spécialiste au Tibet, « les rangs des nonnes et des moines se sont considérablement clairsemés, et certains monastères et couvents sont quasiment vides ».
Citation d’ICT
La parution du rapport « Quand le Parti prime sur le bouddhisme » coïncide avec le Jour du soulèvement tibétain, qui commémore le soulèvement tibétain de 1959 contre le pouvoir chinois.
International Campaign for Tibet a déclaré :
« Alors que la Chine impose son pouvoir depuis plus de 60 ans dans la violence et la brutalité au Tibet, notre nouveau rapport montre que les mesures prises récemment par la Chine représentent l’une des menaces les plus graves auxquelles le bouddhisme tibétain ait dû faire face pour assurer sa survie. Nous espérons que le rapport “Quand le Parti prime sur le bouddhisme” mettra en lumière les efforts récemment déployés par la Chine en vue de dévoyer cette croyance magnifique pour lui faire épouser les desseins malhonnêtes du Parti communiste chinois. Nous demandons une nouvelle fois instamment à la communauté internationale de défendre la liberté religieuse du peuple tibétain. »